Les candidats de l’opposition Henri Konan Bedie et Affi N’guessan en lice pour le scrutin présidentiel du 31 octobre ont dénoncé dans un communiqué conjoint, l’attitude partisane de la délégation de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) censée faire descendre la tension en Côte d’Ivoire. A en croire les deux candidats, le communiqué final publié par la mission conduite par la ministre des affaires étrangères du Ghana Mme Shirley Ayorkor Botchway a trahi l’esprit et le fond des échanges qu’ils ont eus.
« Ils (les deux candidats ndlr) constatent avec stupeur que les termes du communiqué de la mission ne rendent compte ni de l’esprit ni du fond de leurs échanges et font totalement abstraction de la réalité politique et juridique à l’origine de l’impasse que traverse la Côte d’Ivoire. Nommer les problèmes constitue pourtant le préalable indispensable à leur résolution », déplore le communiqué avant de constater avec amertume, que la Cedeao loin d’aider la Côte d’Ivoire à résoudre la crise politique née de la candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat semble ignorer les causes des tentions actuelles.
« Les points de blocage sont désormais bien connus et constituent autant de sujets sur lesquels les candidats Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan espérent une action de facilitation. Lors d’une réunion ce dimanche 18 octobre, ces éléments ont été explicitement exposés et argumentés : le retrait de la candidature anticonstitutionnelle et illégale du Président Alassane OUATTARA, la réforme de la Commission Électorale, la réforme du Conseil Constitutionnel, l’Audit international de la liste électorale et l’assainissement de l’environnement politique des élections. », précise le communiqué.
Les deux candidats invitent la Cedeao à prendre le problème ivoirien par le bon bout en tenant compte des réelles préoccupations de la classe politique ivoirienne.
« Ils demandent avec force à la délégation de CEDEAO de ne pas feindre d’ignorer les problèmes réels relatifs à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 qui ne peut se tenir à date échue, sous la forme actuelle. »
Affi N’guessan et Henri Konan Bedié balaient du revers de la main l’appel de la Cedeao à surseoir au mot d’ordre de désobéissance et maintiennent leur position initiale selon laquelle, il n’y aura pas d’élection le 31 octobre sans dialogue préalable.
« A défaut d’accord, ils rappellent qu’aucune élection présidentielle ne pourra se tenir à échéance du 31 octobre. Ils expriment leur surprise devant la partialité d’un texte qui semble à l’inverse condamner les actions de désobéissance civile et pacifique.
Ils rappellent à la délégation de la CEDEAO que ce mot d’ordre résolument non violent auquel le peuple de Côte d’Ivoire adhère massivement est la conséquence de l’obstination d’Alassane Ouattara à briguer un troisième mandat inconstitutionnel. Ils rappellent également que le droit de manifester est un droit inaliénable et autorisé par la Constitution », peut-on lire dans le communiqué.
Le syndicat des chefs d’Etat
La Cedeao, jadis considérée comme un modèle de démocratie en Afrique regroupe désormais des chefs d’Etats qui s’accrochent au pouvoir, violant au passage les constitutions de leurs pays respectifs. Au Togo par exemple, Faure Gnassingbé a accédé au pouvoir en 2005 lors d’une élection émaillée de violence (plus de 1000 morts selon l’ONU) et jouit paisiblement de son quatrième mandat. Le jeune doyen des chefs d’Etats de l’Afrique de l’ouest a surement inspiré l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Guinéen Alfa Condé qui ont tous les deux modifié la constitution de leur pays pour s’offrir un troisième mandat.
Les échecs successifs de la CEDEAO dans les résolutions de crises politiques dans la sous-région mettent à mal sa crédibilité. Au Togo comme en Guinée ou encore en Côte d’Ivoire, elle n’a pas été en mesure d’empêcher les mandats de trop source des tensions politiques. Pire elle s’est illustrée comme l’ennemi des peuples en s’opposant à la décision populaire des Maliens de se débarrasser de leur président IBK. Malgré ses menaces et sanctions, les Maliens ont refusé de rétablir le président déchu humiliant une fois de plus les chefs d’Etat de l’organisation.